Web et radio numériques : les nouveaux médias diasporiques. | ||
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Les sites internet élaborés par les migrants se créent depuis la fin des années 1990 et concernent des communautés diverses issues de tous les continents mais dont le point commun est de résider hors de leur nation d'origine pour des raisons économiques ou politiques, tout en maintenant, malgré la distance, la conscience de leur appartenance identitaire. Ce lien se manifeste par des regroupements dans des centralités urbaines très visibles au travers des commerces de " reproduction identitaire " [Ma Mung, 2001, (10)], des productions culturelles démonstratives (processions, fêtes traditionnelles, cérémonies religieuses ou pèlerinages), une consommation particulière de médias consacrés à la communauté : journaux, radios, télévisions ou émissions communautaires [Dayan, 1997] [Marthoz, 2001], et l'emploi de divers supports de communication (messagers, courrier, cassettes audio ou vidéo, téléphone), parfois combinées, pour l'émission de messages internationaux mais intra-communautaires [Sayad, 1985] [Pasquier, 2001]. L'intensification des télécommunications, comme celle des communications physiques, favorisant le va-et-vient, contribuerait par ailleurs à l'activation et au maintien du sentiment identitaire, contribuant à la constitution de " bulles culturelles " au sein des pays d'accueil [Appadurai, 2001] sans garantir de réelle communication entre les cultures [Wolton, 2003]. 1 - Web et migrations Dans ce contexte, les sites internet, qu'ils soient statiques, ou dynamiques, apparaissent comme l'ultime avatar de ces moyens de communication. Leurs thèmes, leurs rubriques récurrentes (actualité d'ici et de là-bas, annonces de fêtes et cérémonies, opportunités d'affaires intra-communautaires, recherche de parents ou amis perdus de vue ) sont souvent la transposition de ceux des médias traditionnels (journaux, radios, télévisions ) et la création de ces sites, comme celle des publications traditionnelles est justifiée par le souhait de rassembler la communauté autour d'une information spécifique, rééquilibrant le traitement de la communauté par les médias du pays d'accueil, traitement jugé insuffisant et inapproprié. Les sites web de migrants s'inscrivent dans une continuité, ils prolongent une publication, une radio, une télévision, ou combinent toutes les possibilités médiatiques du numérique (1). Ils offrent pourtant d'autres spécificités remarquables liées aux possibilités du média : faible coût de constitution, couverture internationale immédiate, combinaison des modes de communication car, en jouant des divers protocoles de l'internet, ils autorisent tantôt la publication d'information éditoriale tantôt le débat. L'existence des forums et " chat " où les internautes échangent sur leurs conditions de vie à l'étranger et débattent des événements politiques liés à leur situation de migrant, laisse penser que ces sites jouent un certain rôle d'espace public même si il est légitime de souligner que le fonctionnement même de ces structures, la représentativité sociale des internautes, l'existence d'un maître du jeu (le modérateur) doté du pouvoir d'exclure, la pratique du " pseudo " qui dissimule la personnalité des participants, ne permettent pas de conclure à un débat démocratique comparable à celui des espaces associatifs. Les étapes de la migration et leurs productions sur le web Une première approche des sites de migrants consiste à les considérer selon leur objet (le déplacement de population) à les classer selon les étapes de cet événement. On peut alors distinguer quatre étapes majeures de la migration, chacune donnant lieu à la production de sites web : La préparation de la migration : le candidat à la migration prépare son projet, et détermine sa " tactique migratoire ". Des sites internet l'accompagnent : les sites de témoignage ou de précédents émigrés expliquent les démarches et alertent sur les difficultés rencontrées (2), les sites de rencontre où les candidats à la migration expriment pêle-mêle leurs attentes : mariage avec un occidental, parrainage pour leurs études, famille d'accueil, emploi ou hébergement à l'étranger (3), les sites commerciaux de passeurs qui proposent leur savoir faire pour la préparation des dossiers d'émigration en Europe ou de participation à la loterie pour l'obtention de la " green card " (4). L'arrivée : fraîchement arrivé, le migrant est encore " de là-bas " et négocie sa place dans la société d'accueil, des sites témoignent de ces luttes et revendications : c'est le cas du site Pajol (5) qui recense l'actualité du mouvement des " Sans Papiers ", ou celui qui relaie l'action du GISTI (Groupe d'Information et de SouTien des Immigrés)(6) pour l'égalité des droits des français et des immigrés. L'installation dans la durée : les sites web produits par des individus implantés dans le pays d'accueil depuis plusieurs années ou nés dans ce pays et issus de l'immigration témoignent de la conscience d'être " à la fois d'ici et de là-bas " et de la nécessaire gestion de cette double appartenance. Pour exemple, le site " Monde Berbère " (7) se partage entre la promotion de la culture Berbère et des œuvres et travaux des membres de la diaspora, et la revendication d'une meilleure reconnaissance de cette culture dans l'institution française, notamment par l'introduction de cours d'histoire et de civilisation berbères dans les manuels scolaires ou la création d'un enseignement de la langue berbère. Même en dehors de toute revendication, le pays quitté et ses caractéristiques culturelles sont parfois vécus comme une perte ou un risque de perte que le site web conjure. Ainsi le site personnel de Djamila (8) invite ses visiteurs à communier dans le souvenir en collectionnant photos, affiches anciennes, blagues, références d'ouvrages et poèmes consacrés à l'Algérie comme nombre d'autres sites qui, émanations d'associations locales, se donnent pour mission de préserver les " fondements de l'identité de la communauté " (9)). De véritables " Village-bis ", émanations d'expatriés issus d'un même village, prennent forme sur le web : photos, webcam pointée sur la place du marché (10), parcours de visites virtuelles, cartes, monographies historiques, matérialisent le village, les associations créées à l'étranger par les villageois sont recensées et échangent des annonces de fêtes, de mariages ou de décès, ou les résultats de leurs actions en faveur du développement économique du lieu (11). Le retour : Le thème du retour apparaît plus marginalement sur le web, sans doute parce qu'il ne concerne qu'une partie des migrants et ne constitue pas, au même titre que le départ premier, un saut dans l'inconnu. Il est notamment présent sous forme d'informations administratives sur les sites officiels des pays (12). Des " mouvements de retour " sont invoqués par certains membres de communautés n'ayant pas eux-même vécu l'expérience de la migration. L'alyah fait l'objet de nombreux sites ou rubriques de sites des communautés juives (13) tandis que, dans d'autres communautés, le retour se manifeste de façon plus individuelle. Mais, concrètement, il s'agit, malgré la revendication symbolique du retour, d'une installation à l'étranger, qui se traduit par la découverte d'un pays et d'un mode de vie étrangers quoique théoriquement connus, et nécessite conseils et assistance pour être réussie. Les différents points de vue Dans cet ensemble, les sites produits par des communautés installées à l'étranger depuis une ou plusieurs générations, et parfois de façon définitive, ne constituent cependant pas un ensemble homogène. Le point de vue, au sens de lieu depuis lequel on embrasse un paysage, est en effet déterminant pour aborder l' " ethnoscape ". Il est possible dans un second temps d'aborder les webs migrants selon des angles multiples conduisant à ajuster la focale soit sur une communauté particulière soit de façon transversale. Il va de soi que ces approches diverses s'enrichissent mutuellement. - Le point de vue du homeland conduit à une considération centrée sur les flux migratoires d'une population donnée, ses déplacements, ses points de dispersion, ses interactions politiques ou culturelles avec le pays d'origine, ses problématiques d'insertion dans le ou les pays d'accueil, les ressortissants étrangers étant considérés comme un prolongement de la nation. Cette approche, celle de l'anthropologie, ou des sciences politiques conduit à recenser les sites, à évaluer leur visibilité et leur rôle dans les activités des groupes de pression politique (Lagane) ou dans le rayonnement culturel (Kiyindou). - Le point de vue du " hostland ", conduit à une analyse transethnique, surtout lorsque le pays reçoit une immigration d'origines multiples. L'étude comparative des vagues d'immigration successives ou simultanées, permet d'évaluer les conséquences des caractéristiques légales ou sociales de l'accueil des étrangers et c'est dans cette transversalité, dégagée d'une relation duelle avec une autre culture, qu'une nation peut définir son identité d'hôte. Il est remarquable que les approches des associations militantes privilégient cet angle. - Le point de vue du lien transnational : de ces deux points de vue locaux qui sont comme les noeuds de la migration, se dégage un troisième, qui consiste à considérer le lien persistant rattachant durablement des communautés dispersées dans leurs " hostlands respectifs " à leur " homeland " commun. L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe souligne la nouveauté de cette approche " globale " qui impose d'adopter tour à tour les points de vue de différentes nations, mais également à prendre en compte l'interculturalité et le multi-culturalisme : " Bien qu'on ait prêté beaucoup d'attention à la situation des communautés migrantes et à leurs relations avec le pays hôte, on s'est relativement peu penché sur les relations entre ces communautés et celles que chacune entretient avec son pays d'origine. " (14). Ainsi, dans les Sciences de la Communication, la comparaison des usages de l'internet par les jeunes Sénégalais de France et du Sénégal révèle des pratiques croisées, les sénégalais de l'extérieur étant massivement connectés à leur culture d'origine et à l'information sénégalaise, et les sénégalais autochtones plus connectés à l'international qu'à l'information locale [Guignard, 2004]. L'étude des commerces consacrés aux télécommunications dans le quartier de Château-Rouge, à Paris, montre le poids des usages migrants, et l'importance des influences africaines, sur la forme de l'offre en télécommunications de ce quartier de forte immigration [Scopsi, 2004]. 2 - " Diaspora " ou " diasporas "? Encore reste-t-il à déterminer ce que l'on entend par les termes " migration " et " diaspora " qui ne se peuvent réduire au simple déplacement des corps et à la dispersion. Appadurai, par " ethnoscape " entend " le paysage formé par les individus qui constituent le monde mouvant dans lequel nous vivons : touristes, immigrants, réfugiés, exilés, travailleurs invités et d'autres groupes et individus mouvants constituent un trait essentiel du monde qui semble affecter comme jamais la politique des nations " [Appadurai, 2001 [1996], 69]. Parmi ces individus " mouvants ", nous retiendrons la classe de ceux qui, pour des raisons diverses, engagent leur installation à l'étranger dans la durée, s'obligeant ainsi à négocier leur place dans la vie culturelle, politique et sociale du pays d'accueil. Le terme de diaspora semble, au début du XXIème siècle, se généraliser pour désigner, dans le langage courant, les " communautés vivant hors de leur terre " natale " (réelle ou perçue comme telle) " (c'est ainsi notamment que le Conseil de l'Europe choisit de les désigner) tandis que nombre des communautés productrices de sites web se revendiquent comme diaspora (15). Or le glissement progressif en " mot passe-partout " du concept religieux de Diaspora, né dans le contexte de l'exode des juifs, brouille la perception de ces sociétés, et, comme le montre le recensement des définitions effectué par Stéphane Dufoix [2003], les tentatives de catégorisations successives ne parviennent pas à réconcilier les diverses acceptions. Une distinction s'opère donc de fait entre les " Vraies ", " Anciennes " ou " Grandes " Diasporas : les Diasporas juives et arméniennes, cercle étroit dans lesquels on inclue parfois, les diaspora grecque, indienne et chinoise parfois la diaspora noire , parfois la diaspora irlandaise, et des communautés " diasporides ", plus que véritablement diasporiques, revendiquant plusieurs caractéristiques des Diasporas, sans les réunir toutes. Les seuls éléments immuables, restant la dispersion (en au moins deux points) et le lien persistant, manifesté dans des productions culturelles. La tendance est généralement d'écarter les communautés " diasporides " d'une analyse sérieuse de la notion de Diaspora. Cependant s'intéresser au second cercle de sociétés transnationales peut éclairer sur les motivations actuelles de ces sociétés : se revendiquer diasporas, est-ce revendiquer un statut de victime, faire reconnaître une injustice subie ou mobiliser le " capital social " des expatriés pour le transformer en dynamique économique ou politique ? Le moment où une communauté expatriée prend conscience de ses autres semblables et décide de les mobiliser s'accompagne aujourd'hui bien souvent de la création d'un site web. L'imprécision de la définition de la communauté se reflète évidemment dans la définition du site. Nous posons donc ici comme définition que les sites " diasporiques ", sont des sites produits par des communautés transnationales depuis un des lieux de dispersion, s'organisant autour d'un ou de plusieurs éléments culturels partagés (langue, religion, appartenance ethnique), s'adressant explicitement aux membres de la communautés dispersés dans le monde par la migration, et éventuellement à la communauté restée dans le " homeland ". Il importe en outre de ne pas ignorer l'effet totalisant de l'approche transversale : reconnaître un ou plusieurs points communs (la dispersion, le lien) à certaines communautés ne revient pas à nier leurs spécificités. L'origine de la dispersion est notamment un élément prédominant pesant sur la nature du lien, son urgence, son intensité et ses enjeux : l'exil politique, le rapatriement, la migration économique plus ou moins librement choisie induisent des différences dans les productions médiatiques. Enfin le caractère construit du lien diasporique ne doit pas être oublié,. Les débats passionnés et contradictoires du " forum des bretons " (16) sur le thème " qui est breton ? " montre qu'en matière d'identité rien n'est jamais fixé : la définition de la communauté, dans la mesure où la résidence en un mêmel lieu n'est plus le critère d'appartenance, relève d'incessantes négociations entre des membres revendiquant leur appartenance selon leur vécu (" mon père est sénégalais et ma mère bretonne, je me sens bretonne ") aux yeux d'une communauté dont la seule légitimité est d'être là, connectée sur le site, et de participer au débat. Ainsi, selon l'opportunité, le besoin d'audience, les agressions extérieures, le périmètre de la relation se modifie-t-il constamment : - soit par élargissement du concept : le site des " tunes " (juifs Tunisiens) Harissa.com se relie au site dafina.net des juifs marocains, et au site zlabia.com des juifs d'Algérie, tandis que le site " la vie en diaspora " s'adresse aux francophones et francophiles vivant aux Etats-Unis (" Que vous soyez Français, Haïtiens, Québecquois, Antillais, Américains, Sénégalais, Tunisiens...la grande communauté francophone n'est pas loin! " proclame-t-il ) ; - soit par segmentation de la communauté autour d'une problématique très précise, généralement instruite dans le cadre d'une association. On voit alors se superposer à la notion de communauté dispersée un lien secondaire, plus étroit, mais traité de façon transnationale. C'est le cas du site des " Mathematicians of the African Diaspora " (17), qui lutte contre le stéréotype historique du Noir incapable de réussir dans le domaine scientifique, ou du site de l'Association des Informaticiens Juifs de France (18) qui "a pour but de rassembler des informaticiens Juifs autour de leur métier, du Judaïsme, d'Israël et du Sionisme dans une structure apolitique et ouverte sur la Communauté Juive de France ", ou encore du site " Origines Vietnam " qui se consacre aux adoptés vietnamiens de tous pays (France, Norvège, Australie, Etats-Unis, Royaume Uni etc.) et les aide dans leur démarches pour retrouver leur famille d'origine, organiser des voyages au Vietnam et découvrir la culture et la langue Viet Namienne.(19) Si l'imprécision du terme diaspora le rend suspect aux yeux de certains scientifiques, son succès actuel et l'ampleur de son emploi, notamment sur le web, n'en restent pas moins significatifs : il n'a échappé à personne que dans nos habitus langagiers, le Sud émigre, tandis que le Nord s'expatrie, les mots trahissant un implicite distinction. Mais la diaspora est revendiquée au Nord comme au Sud, par les basques et les bretons comme par les africains, comme si l'expérience de l'installation à l'étranger, de la multiappartenance, du lien transnational, du " tâtonnement identitaire " dans cette situation, constituait un socle commun au delà des différences culturelles et économiques. 3 Quel avenir pour les médias diasporiques ... en 2016? Quelles sont les caractéristiques nécessaires à l'éclosion d'un média diasporique en ce début de XXIème siècle ? - 1 L'aire de diffusion doit être, naturellement, internationale et si possible simultanément en s'adaptant à la logique propre de la diaspora, sans être contrainte ou orientée par des critères techniques (attribution de fréquence), ou commerciaux (recherche d'un public-cible économiquement profitable). - 2 La mise en place du média, la production des contenus doit être appropriable par les communautés dispersées, parfois de taille réduite, souvent peu ou pas introduites dans les milieux de production des médias dominants. - 3 La production des contenus doit pouvoir être réalisée depuis tous les lieux d'implantation de la diaspora de façon à refléter les différents point de vue. - 4 La réception du média doit être compatible avec les usages, les équipements techniques, le niveau culturel (langue, lettrisme) de toute la diaspora. - 5 Le média, transnational par définition, ne peut être soumis à la législation spécifique d'un seul pays. Peu de média ont pu, avant les TIC, répondre à ces critères. Le web collaboratif, le plus abouti des médias diasporiques, lui même ne répond qu'à 4 critères sur 5, car il n'est accessible que par les membres de la diaspora disposant d'électricité, d'ordinateurs, de télécommunications adaptées et de capacité à la lecture. Les sites de la diaspora africaine par exemple, touchent essentiellement les membres émigrés en occident. La " radio numérique " peut marquer un pas supplémentaire vers le média diasporique idéal : 1- Elle est diffusable à l'international, sans toutefois que cela signifie qu'elle peut diffuser " largement " à l'international. La diffusion par satellite reste réservée aux grands groupes de médias. La diffusion par internet (on ne peut d'ailleurs plus parler de radio) en streaming (20), ne permet de servir que peu d'auditeurs à la fois, car elle demande de la bande passante, or, disposer d'une bande passante importante auprès d'un fournisseur d'accès est très coûteux. Mais le pod casting (21)) semble offrir une alternative intéressante, mais implique pour les auditeurs d'adopter de nouveaux usages des programmes sonores. 2 - La production de contenus est désormais possible grâce à des logiciels gratuits. Interviews, retransmission de colloques, reportages, débats, musique sont réalisables à peu de frais. L'utilisation de langues vernaculaires n'est pas freinée par les normes informatiques, comme c'est le cas pour l'écrit (sans parler des langues purement orales). 3 - Il est possible de constituer une plage de diffusion en juxtaposant des éléments réalisés par des acteurs résidant dans différents lieux. 4 - Les médias audio peuvent être utilisés par tous les types de population sans apprentissage. Ils disposent d'une niche d'usage très favorable dans de nombreuses zones d'origine des migrations. La baladodiffusion ou pod-casting nécessite un récepteur peu coûteux, dont le prix baissera certainement considérablement dans les prochains mois. L'accès à un ordinateur et à internet reste indispensable, mais il existe de plus en plus par le biais des accès collectifs : verra-t-on dans les prochaines années les populations du Sud venir se procurer, dans les cybercafés, les nouvelles quotidiennes de la diaspora ? 5 - La réglementation des radios associatives hertziennes s'est effectuée par le biais des autorisations de diffusion accordées par le CSA. Le pod casting en revanche n'est soumis à aucune autorisation. Conclusion ...très provisoire. Les premières radio blog s'inscrivent aujourd'hui dans le modèle des radios associatives de la bande FM, héritières des radios libres. Elles abordent donc des contenus locaux correspondant à l'aire de diffusion des radios FM mais elles s'approprieront probablement rapidement les nouvelles possibilités internationale du média. Depuis un an nombre des sites diasporiques observés se sont dotés d'un module écoutable. Il s'agit le plus souvent de transmission de radios numériques diffusant de la musique. Certains proposent leur propre radio diffusant là aussi de la musique (par exemple Yabiladi). Les premiers bras de fer s'observent autour de la notion de droit d'auteur (22). Mais lorsque les radios s'organiseront pour produire leurs propres contenus, rien ne pourra s'opposer à leur libre parole. * Cependant, on ne peut pas encore parler de phénomène radio diasporique et cette réflexion reste donc un hypothèse de travail. On peut cependant esquisser les enjeux du développement de ces radios. * Une prise de parole facilitée pour les groupes exclus des médias, ou dont l'auditoire est trop restreint ou trop dispersé pour convenir au modèle de diffusion FM. * La construction d'un auditoire original, susceptible d'aborder les thèmes de la communauté selon des points de vues marqués par la dispersion géographique. * Un média d'initiation pour les animateurs de ces radios qui apprendront à maîtriser le média audio. * Un enjeux pour les collectivités locales qui devront trouver une place à ces médias " locaux/globaux ". * Un concurrent de plus pour les radios nationales, qui verront se développer des thèmes et des pratiques d'écoutes nouvelles. Claire Scopsi Groupe Tic et Migrations (MSH Paris) claire.scopsi@wanadoo.fr Janvier 2006 Références 1 Le portail marocain Yabiladi.com, créé par un informaticien expatrié en France s'associe à un journal satirique publié sur le net au format pdf et a créé en 2004, une webradio. 2 Le site " perso " de Sarah et Alain illustre bien cette catégorie : réalisé par un couple mixte Franco-Camerounais, comporte une partie autobiographique où les auteurs relatent leur rencontre et leur mariage, et consacre la majeure partie des pages à conseiller les couples qui seraient tentés par un mariage de même type : visas, vaccins, passeport, législation, déclaration d'hébergement, dot, recettes de cuisines, adresses de cercles franco-africains, conseils pour téléphoner ou transférer de l'argent de manière avantageuse, et même page de présentation des amies de Sara également candidates pour un mariage mixte font de ce site un manuel exceptionnel de vulgarisation de l'immigration par le mariage. 3 http://perso.club-internet.fr/alain.durteste/ellelui.htm par exemple. 4Comme les sites http://www.amerique-immigration.com/, site français consacré à l'émigration en Amérique du Nord, et le site russe http://www.advokat-service.ru/ destinés aux candidats russes à l'émigration . 5 http://pajol.eu.org/ 6 http://www.gisti.org/ 7 http://www.mondeberbere.com/ 8 http://users.antrasite.be/ppoisse/index.html 9 http://www.netarmenie.com/ 10 Le site de Fornelos en Galicee http://fornelos.free.fr/indexc.htm, réalisé par un expatrié propose aux autres expatriés un photo de chaque maison du village, et une webcam pointée en permanence sur la place. 11 Le site du village de N'tsaoueni dans les Grandes Comores, réalisé par un collectif d'associations d'expatriés propose une visite guidée du village (http://ntsaoueningome.free.fr/page/visite_guidee.htm) 12 par exemple http://www.expatries.org/Guides/Retour_en_France/, site du Ministère des Affaires étrangères, destiné aux expatriés français. 13 Par exemple : http://www.unifan.org/alyah_guide/index.php site de l'association UNIFAN (Union des Israeliens originaires de France, d'Afrique du Nord et des pays francophones) et http://www.alyah.info/ site proposant de mettre en contact " les juifs francophones qui envisagent une alyah et ceux qui le sont précédés et résident en Israël " 14 Conseil del'Europe.Assemblée parlementaire. Commission de la culture, de la science et de l'éducation. Rapport Cultures de diaspora. Novembre 2004 REC 1688 (2008) http://assembly.coe.int/Main.asp?link=http://assembly.coe.int/Documents/AdoptedText/ta04/FREC1688.htm 15 Hetsika diaspora consacré à la communauté Malgache http://hetsika-diaspora.gasy.org/rubrique.php3?id_rubrique=1 DIASCOM le portail web de la coordination des associations de la diaspora Comorienne http://www.diascom.org/index.php?lng=fr La vie en diaspora, consacré aux francophones et francophiles vivant aux Etats-Unis http://www.vieendiaspora.net/diaspora.htm 16 http://www.anarvorig.com/forum 17 http://www.math.buffalo.edu/mad/ 18 http://www.connec-sion.com/assos.html 19 http://www.originesvietnam.com/ 20 Le streaming est la méthode qui permet la lecture direct d'un fichier son après un clic, sans avoir besoin d'attendre le téléchargement entier du fichier pour commencer à l'écouter. Le téléchargement du fichier se fait en même temps que la lecture. (www.sincever.com) 21 Abonnement à des flux audios à mettre dans son Ipod (mais ca marche aussi avec les autres baladeurs). 22 Cas de Radio Moris.com, qui diffuse du séga depuis le Canada, en conflit avec la MASA (Mauritus Society of Authors). Bibliographie - ANDERSON, Benedict. L'Imaginaire national : réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme, Paris, La Découverte, 2002 (1983). - ANDERSON, Jon W. Des Communautés virtuelles? Vers une théorie "techno-pratique " d'Internet dans le monde Arabe, in "L'internet arabe"/ Yves Gonzalez-Quijano (Dir.), Maghreb Machrek, n°178, Hiver 2003-2004, pp.45-58 - APPADURAI, Arjun. Après le colonialisme : les conséquences culturelles de la globalisation, Paris, Payot, 2001 - COUTARD, Anne, L'Avenir de la radio à l'ère du numérique, septembre 2001, http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/rapports/coutard/coutard. - DAYAN, Daniel. Medias et diasporas, Les Cahiers de Médiologie, n°3, 1997 .- pp. 91-97 - DUFOIX, Stéphane. Les Diasporas, Paris, PUF, 2003 - GONZALEZ-QUIJANO, Yves. A la recherche d'un Internet arabe : démocratisation numérique ou démocratisation du numérique?, in "L'internet arabe"/ Yves Gonzalez-Quijano (Dir.), Maghreb Machrek, n°178, Hiver 2003-2004, pp.11-28 - GUIGNARD, Thomas. Les Accès publics à internet au Sénégal : une émergence paradoxale, in " Mondialisation et Technologies de la communication en Afrique ", Annie Chéneau-Loquay (dir.), Karthala, MSHA, 2004, pp.209-236 - MA MUNG, Emmanuel. La Diaspora chinoise, géographie d'une migration, Paris, Ophrys, 2000 - MARTHOZ, Jean-Paul. Medias et "va-et-vient" communicationnel des diasporas, in : D'un Voyage à l'autre : des voix de l'immigration pour un développement pluriel /Institut Panos Paris.-Paris : Karthala, 2001, pp. 189-205 - NEDELCU, Mihaela. Migrations et diasporas à l'ère du numérique. Local et global dans les e-pratiques des migrants roumains au Canada. 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© copyright 2024 Claire Scopsi & L'observatoire des Usages de l'Internet
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